Je fais un copier-collé du récit de mon accouchement déjà posté sur "auf", au cas où certaines ne l'auraient pas encore lu...
Dimanche soir. Un dimanche comme les autres à priori…je zappe entre les séries télés et poste 2/3 conneries sur le forum, tout en grignotant ma énième tartine de Nutella (en pensant à Kilonak’, vais encore gagner la médaille en chocolat de la plus grosse cachalotte )…
Au début, quelques contractions… « comme d’habitude » me dis-je, « çà va passer ». Puis le temps passe, et les contractions s’intensifient en nombre et en douleur. Je pense au fameux « faux travail », tant redouté des mamans sur le point d’accoucher, et me résigne donc à me coucher, en attendant de « voir » ce qu’il se passe. Une heure et 2 spasfons + tard, les contractions sont toujours là, plus que jamais présentes.
« çà y ressemble drôlement quand même ».
Mais le doute subsiste, je ne peux y croire, çà relève encore du fantasme. Je décide d’attendre, de laisser la situation évoluer dans le sens qu’elle choisira.
4 heures du matin. Une petite accalmie, juste de quoi entretenir le doute. Puis rebelote. Et cette fois-ci de plus belle. Les contractions sont assez irrégulières, mais n’excèdent pas les 7-8 minutes. J’appelle la maternité, la sage-femme répond :
-« Contractions toutes les 5 minutes, pendant 2 heures, c’est la règle ».
Règle déjà entendue mille fois, connue depuis longtemps, mais tellement dure à interpréter quand il s’agit de soi…
J’attendrais finalement 9h00 du matin, pliée en deux à chaque contractions pour réveiller Mr Kiwi et lui dire la phrase tant imaginée, tant attendue : « je crois que c’est le grand jour, il faut y aller ».
Mr Kiwi, un peu pâteux :
« Heu…oui…bon. T’es sûre ? Non parce que sinon on attend encore un peu…j’veux dire, bon. T’es sûre ? ».
Grrrrrrrrrr, « NON CHUI PAS SURE ! ON EST JAMAIIIIS SUR !!!!MAIS CE DONT JE SUIS SURE C’EST QUE JE SOUFFRE LA MARTYRE, QUE JE VEUX ALLER A LA MATERNITE ET QUE SI TU M’Y EMMENES PAS JE T ENVOIE REJOINDRE DAGOBERT ENTRE LE MUR ET LE RADIATEUUUUUUUR !! »
« Oh p’tin, oui, faut l’emmener » semble-t-il penser à ce moment là…
Je lui laisse quand même le temps de boire un café, puis c’est parti, direction la mat’. Nous y sommes en 5 minutes. Une sage-femme m’examine, col ouvert à deux doigts, rien d’extraordinaire, il est comme çà depuis 2 semaines. Je perds des genres de glaires très épaisses et sanguinolantes, des restes de bouchon ? On m’installe au monito, qui confirme bien la tendance : contactions toutes les 4-5 minutes. Certaines me font pleurer. Mr Kiwi, se sentant impuissant tente quelques vieilles blagues foireuses dont lui seul à le secret (on est pas ensemble pour rien hein ;-) ), mais à ce moment là mon humour est très limité, j’ai juste envie de l’étrangler quand il me parle de toto à la plage en plein milieu d’une contraction. Je le renvoie finalement à la maison, c’est idiot mais je préfère rester seule, en + c’est son jour de congé et il a très peu dormi depuis 1 semaine. Je reste au monito, à me tordre toutes les 4 minutes jusqu’à environ 16-17h00. Je trouve quand même la force de répondre et d’envoyer des textos à mes binômes Leslaïe et Vaness’ pour donner des news en direct live (de l’info en temps réel, France info n’a qu’à bien s’ tenir). Vers 17h00, je suis à 3 doigts, et on me pose enfin la péri…cette merveilleuse invention qui me permet enfin de respirer. N’ayant pas dormi de la nuit, je tombe dans un état de léthargie profond, sans pour autant dormir vraiment, l’excitation de l’accouchement très proche m’en empêchant. Ils m’injectent des produits pour intensifier les contractions et aider le col à s’ouvrir. Je romps la poche des eaux lors d’un toucher du col, c’est tout chaud, çà fait bizarre. La SF me dit qu’il est légèrement teinté, le bébé a visiblement « lâché » un peu de méconium dans le ventre. Ce n’est pas dramatique mais « il faut être vigilant et surveiller de près le monito » m’explique t-elle. Je continue de comater. A 21-22h00, mon col est à 7 doigts. C’est à peu près à ce moment là que tout bascule.
Je vois d’un coup du monde s’afférer autour de moi. Il y a des sf, des infirmières, des internes, des stagiaires je ne sais quoi, puis tout d’un coup, de façon inattendue, on me demande de pousser. Je suis interloquée, vaseuse mais consciente qu’il se passe quelque chose, et j’obéis. Je pousse visiblement mal, le médecin m’explique comment faire pour ne pas m’époumoner inutilement. Je recommence. La technique est meilleure, mais mini-kiwi est toujours aussi haut. Rien à faire , il ne descend pas. A ce moment là je ne comprend toujours pas bien ce qu’il se passe, et pourquoi on veut brusquement me faire accoucher. J’entend alors des bribes de conversations, quelques mots par ci par là : « appelez le bloc », « intervention », « chirurgien », « pas le temps »….je commence à comprendre. La SF me confirme très vite. « Votre bébé est en détresse respiratoire, son rythme cardiaque ralentie dangereusement, on va sans doute devoir faire une césarienne ».
Je me sens pourtant bizarrement très sereine à ce moment là. Je suis dans les vapes, c’est peut être un rêve, je vais me réveiller…comme dans « urgences » et autres « grey’s anatomy » je vois défiler les plafonds de l’hôpital jusqu’au bloc chirurgical ou on continue de s’afférer autour de moi. Anesthésie, oxygène, pose de drap, scalpel…tout va très vite. Je suis consciente pendant l’opération. A ce moment là, demandez-moi mon prénom, je vous répond « Michel », demandez-moi où j’habite, je vous dit « Bamako ». Je suis ailleurs, dans un état de demi-coma, suffisamment consciente pour me poser quelques questions mais pas assez pour y répondre…
Et là je sens. On « fouille » dans mon ventre. Je n’ai pas mal du tout, mais c’est palpable, çà remue, çà bouge là dedans. On cherche mon bébé. Mon petit que j’ai couvé pendant 9 mois. Ils le cherchent et vont me le sortir en 3 minutes. 9 mois/3 minutes. Je réalise d’un coup l’ampleur de l’évènement. Sentir ces mains fouiller au plus profond de mon corps pour en extraire le fruit de ces longs mois de travail et d’attente me rappelle soudain à la réalité. C’est donc vrai. Il est là, il existe. Je l’ai rêvé, je l’ai senti durant ces dernières semaines, mais était-il vraiment réel ? Je vais le savoir dans quelques minutes, quelques secondes. Je sens plus que jamais le rêve devenir réalité. C’est comme une explosion d’émotions. Moi qui y croyait sans trop y croire, je vais enfin le voir, le découvrir. Mon cerveau fuse. Ma sérénité et mon calme font place à un état émotionnel intense, j’attend de l’entendre, le fameux cri…Son cri.
Et je l’entend. Un petit cri de chevreau, clair, limpide, réel….C’est celui de mon petit, mon amour, mon fils. C’était donc vrai, j’ai un enfant. Il est là, et il m’appelle. Je ne le vois pas, le drap m’en empêche. Je l’imagine, je le dessine à travers ses pleurs, je veux le voir, je pleure à mon tour. On me demande ce qui ne va pas. Je dis que je veux voir mon bébé.
Sentiment d’impuissance. Mon corps ne m’appartient plus, les chirurgiens continuent de travailler dessus, je ne pense qu’à Kaïs, je me demande où il est, ce qu’on lui fait. Les larmes coulent toutes seules sur mes joues. Je veux toucher mon rêve, palper ma réalité….Enfin on me l’amène. Brièvement, juste le temps de le regarder, de l’embrasser sur sa joue à la texture douce et laiteuse, de lui dire combien il est beau et de lui assurer que « je suis là ». Il dort, il a l’air serein. Je suis rassurée, enfin.
Je peux désormais repartir dans le pays des songes. Un monde où dorénavant je suis maman d’un petit garçon.
Il s’appelle Kaïs, c’est un véritable feu d’artifice, une explosion de couleurs. Désormais quand je cherche la lumière, je regarde dans ses yeux. Et toujours, je la trouve…
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout. Beaucoup de bonheur et déjà et aux futures mamans. C’est la plus belle chose qu’il nous est donné de faire, ne nous privons pas.
Bisous
Kiwette